Langues différentes, vision commune : jeunes adultes et ESL

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Najla [à gauche] et Salma [à droite] sourient à l'extérieur devant un arbre feuillu et un bâtiment de style chalet gris clair Camp Lake Joe d’INCA.

Najla Nouri [à gauche] , gestionnaire des programmes, et Salma Modrika [à droite], chef du programme Jeunesse, travaillent au bureau d'INCA à Montréal. Elles dirigent depuis 2018 un programme d'anglais langue seconde (ESL) destiné aux jeunes francophones. Cette année, elles ont introduit une expansion cruciale : pour la première fois, des jeunes adultes ont participé au programme ESL. 

Si beaucoup associent l'acquisition de l'autonomie à l'enfance, la réalité est que les possibilités peuvent rester limitées à l'âge adulte, en particulier pour les personnes aveugles.

Najla se souvient de la première fois où elle s'est rendue seule à la plage, confiante et sans aide, sans personne pour la surveiller. Ce moment a complètement changé sa perspective. Pour elle, Lake Joe est comme un « centre de villégiature » pour les personnes aveugles, mais pas dans le sens où elles y sont choyées. Il s'agit plutôt d'être libre : libre de se déplacer, libre d'explorer et libre des préjugés et des interventions qui limitent si souvent l'autonomie ailleurs.

Pour les participants au programme ESL pour jeunes adultes de Lake Joe, cela signifiait traverser les frontières provinciales et les océans, vivre dans un nouvel environnement et gérer leur quotidien en anglais. Certains, comme Salma, ont relevé ces défis aux côtés des participants. Elle n'est pas seulement venue pour soutenir l'apprentissage des autres, mais aussi pour améliorer son anglais et rencontrer des pairs de tout le pays. 

Ensemble, ils ont pratiqué leur anglais dans des situations réelles : commander le petit-déjeuner, discuter entre deux activités et même apprendre de nouveaux mots dans un cours de karaté. Comme l'a expliqué Salma au cours de la semaine, « il ne s'agissait pas seulement de vocabulaire, mais aussi de croire en soi, de se dire "je peux y arriver" ».

Najla et Salma n'étaient pas les seules à se lancer dans quelque chose de nouveau. Colombe, une étudiante en psychologie originaire du nord de la France, est revenue à Lake Joe pour la deuxième année consécutive, non pas par habitude, mais parce qu'elle n'a trouvé aucun autre endroit au monde qui lui ressemble. Colombe est assise sur un banc de pique-nique en bois au Camp Lake Joe d’INCA, souriante, les bras croisés. Une canne blanche est posée à côté d'elle. Derrière elle, on aperçoit plusieurs tables de pique-nique vides, un grand arbre et un bâtiment avec un revêtement en pierre et de grandes fenêtres sous un ciel bleu éclatant.

Elle a parlé avec enthousiasme de ses expériences de ski nautique, de tir à l'arc, de croisière en ponton et d'autres activités qu'elle n'aurait jamais imaginé faire auparavant. Mais au-delà du frisson des nouvelles expériences, ce qui l'a le plus touchée, c'est la culture d'autonomisation qui règne au camp. 

« En France, je n'ai jamais vu de personnes aveugles animer des activités », a-t-elle confié. « Ici, certains intervenants psychosociaux et organisateurs sont personnes aveugles ; ils nous guident, nous soutiennent et nous montrent ce qui est possible. Cela me donne de l'espoir. »

Et bien que l'anglais ne soit pas sa langue maternelle, elle a relevé le défi de l'immersion. Par rapport à l'année dernière, elle se sent plus confiante, plus indépendante et plus connectée à la communauté. Elle explique que c'est le genre de progression qui se produit lorsque l'on sort de sa zone de confort.

Pour Najla et Salma, leur travail va bien au-delà des programmes et des activités. Il s'agit d'une question de sens. Ce qui unit leur équipe, ce n'est pas seulement la formation ou l'expertise, mais une conviction commune. Comme le fait remarquer Salma, « les meilleurs professionnels dans ce domaine sont ceux qui voient la personne avant la canne. Cet état d'esprit change tout. Il transforme le travail en vocation ».