Montréal, Québec (13 mai 2022) < Par Catheryne Houde, chef du programme Défense des droits, INCA Québec
Le 2 mai dernier, est paru dans le Journal de Montréal un article qui révélait des délais inacceptables de services de réadaptation offerts aux gens qui perdent la vue. Cet article mentionnait notamment que certaines personnes se tournaient vers des entreprises privées, mais que la majorité devait attendre souvent plus de 12 longs mois dans le noir sans repères avant d'obtenir un premier appel pour des services qui sont pourtant cruciaux pour sortir de leur isolement et redevenir autonome. Malheureusement, cet état perdure depuis plusieurs années en raison du manque de ressources.
Il y a 4 ans, INCA a fait part de l’urgence d’agir et a proposé des solutions au gouvernement du Québec, mais rien n’a été fait.
Depuis plus de 100 ans, INCA outille les personnes aveugles d’un bout à l’autre du pays pour leur permettre de vivre la vie qu’ils souhaitent de manière indépendante. Et depuis plusieurs années, INCA, reçoit de nombreuses demandes de personnes aveugles désemparées, qui ne sont pas en mesure de recevoir des services, tels que de l’information sur les ressources, de l’aide psychosociale à la suite de leur perte de vision, des technologies pour sortir de chez eux et se déplacer de manière sécuritaire ou encore des formations en technologies adaptées leur permettant de réapprendre à utiliser un ordinateur ou un téléphone intelligent afin de retrouver leur indépendance et éventuellement de réintégrer un emploi. Ces gens, souvent en détresse, sans repères, sont littéralement laissés tomber par le système de santé.
En 2018, INCA a donc mandaté une firme de recherche afin de connaître l’étendue du problème engendré par le désengagement de l’état dans les années antérieures. Cette enquête a notamment révélé qu’au moins 40 000 Québécois aveugles n’avaient pas reçu de services de réadaptation entre 2016 et 2018. Elle mentionnait également que 60% des Québécois qui deviennent aveugles ne recevaient pas de services psychosociaux afin de s’adapter à leur perte de vision et que 50% des gens ne recevaient pas non plus de formations afin d’utiliser les technologies de manière autonome et d’être en mesure d’intégrer un emploi. En bref, ces milliers de personnes sont laissées à elles-mêmes chaque jour, face à un système de réadaptation débordé et en manque de ressources. Cela ayant pour conséquence de favoriser l’isolement des personnes aveugles, un manque d’inclusion, d’éducation et d’employabilité de celles-ci, et un criant manque de confiance en soi et d’autonomie, d’autant plus accru chez les personnes aînées aveugles.
Face à cette situation, INCA a décidé d’agir. En effet, en 2018 et 2019, nous avons écrit et rencontré plusieurs ministères, notamment le cabinet du premier Ministre, la ministre de la Santé et des Services sociaux, le ministre de l’Économie et de l’innovation, et d’autres encore. Nous leur avons fait part de l’urgence d’agir et de l’ampleur de la situation des personnes aveugles, qui encore aujourd’hui sont laissées pour compte, le résultat étant que seulement 31 % d’entre elles travaillent à temps plein, contre 81% des gens n’ayant pas de limitation.
Puisqu’INCA assume les services de réadaptation partout ailleurs au Canada avec sa branche Réadaptation en déficience visuelle Canada, nous avons offerts des solutions concrètes. Nous avons offert au gouvernement de venir en aide aux systèmes de santé en offrant des services complémentaires, tels que de l’aide psychosociale et des formations en technologie adaptées offerts par des professionnels qualifiés, qui vivent eux-mêmes pour la plupart avec une limitation visuelle. Cela aurait eu pour effet de diminuer les coûts liés à la réadaptation, de réduire de beaucoup les délais exorbitants en diminuant la charge pesant sur le système de santé et surtout d’accroître la qualité de vie et l’autonomie des personnes aveugles. Malgré toutes ces actions entreprises, notre offre est demeurée sans réponse.
À la suite de l’article paru le 2 mai dernier, force est de constater que la situation n’a jamais cessé de se détériorer au Québec et que celles qui en paient le prix, sont celles qui vivent une perte de vision. Ces personnes méritent que leur gouvernement leur vienne en aide, afin de leur offrir dignité, confiance et autonomie. Plus de 200 000 Québécois vivent avec une limitation visuelle, et avec le vieillissement de la population se chiffre augmentera.
Nous exhortons encore une fois le gouvernement du Québec à travailler de concert avec INCA et Réadaptation en déficience visuelle qui ont un siècle d’expertise afin de renverser la tendance et d’apporter l’aide nécessaire aux personnes qui vivent une perte de vision. Ne fermez pas les yeux face aux solutions.
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Contact médias
Sarah Rouleau
Chef des communications et du marketing,
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